Depuis que Frédéric Biousse et Guillaume Foucher ont transformé une charmante bastide en hôtel de luxe au coeur du Luberon, l’homme d’affaires et le galeriste semblent avoir contracté le virus de l’hôtellerie. Une chaleureuse hospitalité qu’ils insufflent à chacun de leurs établissements. Et notamment dans l’hôtel Les Bords de Mer, à Marseille, qui domine le large comme un paisible paquebot.

Le Domaine de Fontenille, premier-né de la collection, a donné son nom à un groupe hôtelier d’un nouveau genre, fondé par Frédéric Biousse et Guillaume Foucher.

NON LOIN DU MUSÉE NABU DANS LE NORD DU LIBAN, CETTE MAISON DE VILLÉGIATURE A LES PIEDS DANS L’EAU ET LE CHARME DU VERNACULAIRE. DANS UNE RÉGION OÙ LE LITTORAL N’A PAS ÉTÉ ÉPARGNÉ PAR L’INDUSTRIE ET LES STATIONS TOURISTIQUES, LA PIERRE, LE BOIS, LE SABLE ET LA MER FORMENT UN QUATUOR SALUTAIRE, AFFIRMENT LA RÉSISTANCE DE L’ORGANIQUE FACE AU BÉTON.

 

L’ombre bienveillante du musée Nabu veille sur cette propriété que l’on devine à peine depuis l’extérieur. Au même titre, elle est une exception architecturale, une rupture de bon sens dans un littoral dont la seule unité réside dans la beauté altérée. Au profit d’une urbanisation galopante, l’industrie cimentière a eu raison des muriers, des figuiers et des oliviers qui bordaient cette côte. Comme souvent au Liban, c’est une œuvre individuelle, privée, qui offre avec cette maison une parenthèse enchantée, et une raison supplémentaire d’espérer en une prise de conscience collective.

NON LOIN DU MUSÉE NABU DANS LE NORD DU LIBAN, CETTE MAISON DE VILLÉGIATURE A LES PIEDS DANS L’EAU ET LE CHARME DU VERNACULAIRE. DANS UNE RÉGION OÙ LE LITTORAL N’A PAS ÉTÉ ÉPARGNÉ PAR L’INDUSTRIE ET LES STATIONS TOURISTIQUES, LA PIERRE, LE BOIS, LE SABLE ET LA MER FORMENT UN QUATUOR SALUTAIRE, AFFIRMENT LA RÉSISTANCE DE L’ORGANIQUE FACE AU BÉTON.

 

L’ombre bienveillante du musée Nabu veille sur cette propriété que l’on devine à peine depuis l’extérieur. Au même titre, elle est une exception architecturale, une rupture de bon sens dans un littoral dont la seule unité réside dans la beauté altérée. Au profit d’une urbanisation galopante, l’industrie cimentière a eu raison des muriers, des figuiers et des oliviers qui bordaient cette côte. Comme souvent au Liban, c’est une œuvre individuelle, privée, qui offre avec cette maison une parenthèse enchantée, et une raison supplémentaire d’espérer en une prise de conscience collective.

Du blanc en all over! Cette ode à l’épure sublime l’azur du ciel, tutoyant joyeusement le bleu de la mer Égée et la nouvelle piscine lagon. Rafraîchissante, la signature du cabinet d’architectes Block722, basé à Athènes, traduit avec un souci du détail chic les perles des Cyclades en une maison de rêve.

En jouant la carte du graphisme avec une décoration minimale mais chaleureuse, cette résidence rénovée à fleur d’eau offre le luxe d’une maison d’hôtes de 300 m². Entièrement dédiée à l’intimité, elle est construite sur mesure dans ses moindres détails pour épouser la course du soleil. Et se lover dans l’intensité d’un environnement béni des dieux. Sotiris Tsergas et Katja Margaritoglou multiplient les espaces de détente extérieurs, en uniformisant les volumes autour des différences de niveau, dont le mouvement naturel est propre à la topographie de Mykonos.

Du blanc en all over! Cette ode à l’épure sublime l’azur du ciel, tutoyant joyeusement le bleu de la mer Égée et la nouvelle piscine lagon. Rafraîchissante, la signature du cabinet d’architectes Block722, basé à Athènes, traduit avec un souci du détail chic les perles des Cyclades en une maison de rêve.

En jouant la carte du graphisme avec une décoration minimale mais chaleureuse, cette résidence rénovée à fleur d’eau offre le luxe d’une maison d’hôtes de 300 m². Entièrement dédiée à l’intimité, elle est construite sur mesure dans ses moindres détails pour épouser la course du soleil. Et se lover dans l’intensité d’un environnement béni des dieux. Sotiris Tsergas et Katja Margaritoglou multiplient les espaces de détente extérieurs, en uniformisant les volumes autour des différences de niveau, dont le mouvement naturel est propre à la topographie de Mykonos.

Après le projet réussi de la maison d’hôtes White Rock à Mykonos en 2016, Patrick Helou se lance dans un nouveau défi à Ibiza, l’île verte et séduisante. Il part, une fois de plus, d’un état des lieux désespérant et parvient en quelques mois à réhabiliter une villa nichée au cœur de la forêt et dotée d’une vue spectaculaire.

 

En 2017, l’architecte Patrick Helou et son partenaire libanais, à la recherche de lieux insolites et cosmopolites, tombent sur une propriété de 2000 m² plutôt délabrée située sur l’île d’Ibiza, à San José. «C’est le projet qui nous a choisis», avoue-t-il. L’environnement est impressionnant: un panorama exceptionnel, une forêt immense qui isole et procure calme et sérénité et en même temps une proximité avec les plages et Ibiza pour faire la fête. La démarche rappelle celle de Frédéric Coustols qui, passionné d'architecture vernaculaire, achète des maisons ou des villages en ruine pour leur redonner une deuxième vie et se définit comme un «collectionneur de paysages».

Patrick Helou, de son côté, avoue «prendre des décisions rapides» et foncer avec confiance. Secondé par une équipe solide comme par le client, son projet «périlleux» aboutit au bout de neuf mois d’un chantier titanesque. Il le compare à celui réalisé à Mykonos, une île aride alors qu’Ibiza est plus verte et recèle des espaces plus larges. Ici, la belle saison s’étale sur six mois et la vue sur la baie de San Antonio constitue un atout supplémentaire.

L’architecte explique le choix laborieux de la restauration par des lois locales peu flexible en matière d’urbanisme: «Il est difficile d’obtenir le permis de construire une villa sur cette île, donc rénover était la seule option possible.» Il essaie ainsi d’effacer les vestiges de l’ancien tout en respectant les restrictions au niveau du design: garder la forme du bâtiment, reconstruit à sept reprises, ainsi que la longueur d’origine. Helou s’attelle, entre autres, à faire ressortir quelque chose de ce volume qui «ne ressemblait à rien», et à le flatter grâce à une structure transparente de deux étages en métal et verre sur laquelle on peut marcher et qui inonde l’intérieur d’un puits de lumière.

 

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Après le projet réussi de la maison d’hôtes White Rock à Mykonos en 2016, Patrick Helou se lance dans un nouveau défi à Ibiza, l’île verte et séduisante. Il part, une fois de plus, d’un état des lieux désespérant et parvient en quelques mois à réhabiliter une villa nichée au cœur de la forêt et dotée d’une vue spectaculaire.

 

En 2017, l’architecte Patrick Helou et son partenaire libanais, à la recherche de lieux insolites et cosmopolites, tombent sur une propriété de 2000 m² plutôt délabrée située sur l’île d’Ibiza, à San José. «C’est le projet qui nous a choisis», avoue-t-il. L’environnement est impressionnant: un panorama exceptionnel, une forêt immense qui isole et procure calme et sérénité et en même temps une proximité avec les plages et Ibiza pour faire la fête. La démarche rappelle celle de Frédéric Coustols qui, passionné d'architecture vernaculaire, achète des maisons ou des villages en ruine pour leur redonner une deuxième vie et se définit comme un «collectionneur de paysages».

Patrick Helou, de son côté, avoue «prendre des décisions rapides» et foncer avec confiance. Secondé par une équipe solide comme par le client, son projet «périlleux» aboutit au bout de neuf mois d’un chantier titanesque. Il le compare à celui réalisé à Mykonos, une île aride alors qu’Ibiza est plus verte et recèle des espaces plus larges. Ici, la belle saison s’étale sur six mois et la vue sur la baie de San Antonio constitue un atout supplémentaire.

L’architecte explique le choix laborieux de la restauration par des lois locales peu flexible en matière d’urbanisme: «Il est difficile d’obtenir le permis de construire une villa sur cette île, donc rénover était la seule option possible.» Il essaie ainsi d’effacer les vestiges de l’ancien tout en respectant les restrictions au niveau du design: garder la forme du bâtiment, reconstruit à sept reprises, ainsi que la longueur d’origine. Helou s’attelle, entre autres, à faire ressortir quelque chose de ce volume qui «ne ressemblait à rien», et à le flatter grâce à une structure transparente de deux étages en métal et verre sur laquelle on peut marcher et qui inonde l’intérieur d’un puits de lumière.

 

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Un duo talentueux se cache derrière la création de Villa Clara, à Leros, cette île grecque bien connue des navigateurs pour ses criques protégées et préservées du tourisme de masse. Séduit par son authenticité et son histoire, le couple Marie-Hélène et Olivier Gougeon ont décidé d’apposer leur signature, Villa Clara, sur l’une de ses six maisons à l’architecture néoclassique, classée au patrimoine historique grec. Loin de toute ostentation, les propriétaires ont misé sur la couleur, la lumière et l’art pour insuffler une âme à cet espace, niché au cœur d’un jardin luxuriant, pour lequel ils ont eu un véritable coup de cœur.

 

 

L’aventure grecque des Gougeon commence avec la découverte de Leros, lors d’une croisière familiale en voilier en mer Égée. «L’île fut occupée par les Italiens à partir de 1912 et Mussolini y avait envoyé deux architectes romains pour mettre en plan une ville type afin d’y implanter ce qu’on appelle l’architecture réaliste, architecture qui se situe à mi-chemin entre l’Art déco et le Bauhaus. Cela a attisé notre curiosité et nous avons voulu constater de visu ce que ce passé peu commun avait laissé comme traces. D’autant plus que l’architecture réaliste est très rare à trouver dans le monde outre les deux sites connus à Sabauda à Turin et à Asmara en Érythrée», explique Marie-Hélène.

 

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Lorsqu’un enfant rêve de village et de maisons pendant que les autres rêvent de voyages et d’avions, lorsque, devenu adulte, il garde en lui ce rêve et le nourrit avec authenticité et fidélité, alors le rêve devient réalité. Celui de Fadi Mogabgab s’est incarné dans la Maison des sources, inaccessible demeure qu’il a su restaurer, avec affection et simplicité. Un grand projet porté par l’amitié.

 

 

Fadi Mogabgab remonte avec exaltation aux tendres années de sa jeunesse où il dessinait des projets avec Ain Zhalta pour décor. Il raconte son coup de foudre pour la maison Chakkour, aussi belle qu’inaccessible. Il évoque le désir fiévreux qui l’envahissait chaque fois qu’il la visitait et s’interroge sur l’origine de cet irrépressible sentiment de convoitise ressenti envers son propriétaire. Le chemin vers la Maison des sources s’est alors dessiné comme la remontée d’une rivière, pas à pas, jusqu’à la source. D’abord la «maison de Fadi» qui l’attendait à la sortie de la messe dominicale. Émergeant de la pénombre de l’église, ses yeux aveuglés par le soleil éclatant de Ain Zhalta tombaient sur la façade d’une ancienne maison dont les vieilles pierres l’attiraient comme un aimant. Il y investit sans hésitation ses premières économies et cette maison fut le premier foyer du couple qu’il forme depuis dix-sept ans avec l’artiste et créatrice de bijoux Alia Mouzannar. Elle est alors le cadre d’un mode de vie simple et authentique, choisi et assumé, basé sur le bon sens villageois et le rapport organique avec l’environnement. La seconde halte vers la source fut la «La Résidence de Alia», résidence d’artistes internationaux. Tous les étés, à l’ombre de ses murs, ils puisent l’inspiration dans la nature luxuriante et le vent parfumé de la  forêt de cèdres.

 

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Un duo talentueux se cache derrière la création de Villa Clara, à Leros, cette île grecque bien connue des navigateurs pour ses criques protégées et préservées du tourisme de masse. Séduit par son authenticité et son histoire, le couple Marie-Hélène et Olivier Gougeon ont décidé d’apposer leur signature, Villa Clara, sur l’une de ses six maisons à l’architecture néoclassique, classée au patrimoine historique grec. Loin de toute ostentation, les propriétaires ont misé sur la couleur, la lumière et l’art pour insuffler une âme à cet espace, niché au cœur d’un jardin luxuriant, pour lequel ils ont eu un véritable coup de cœur.

 

L’aventure grecque des Gougeon commence avec la découverte de Leros, lors d’une croisière familiale en voilier en mer Égée. «L’île fut occupée par les Italiens à partir de 1912 et Mussolini y avait envoyé deux architectes romains pour mettre en plan une ville type afin d’y implanter ce qu’on appelle l’architecture réaliste, architecture qui se situe à mi-chemin entre l’Art déco et le Bauhaus. Cela a attisé notre curiosité et nous avons voulu constater de visu ce que ce passé peu commun avait laissé comme traces. D’autant plus que l’architecture réaliste est très rare à trouver dans le monde outre les deux sites connus à Sabauda à Turin et à Asmara en Érythrée», explique Marie-Hélène.

 

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Lorsqu’un enfant rêve de village et de maisons pendant que les autres rêvent de voyages et d’avions, lorsque, devenu adulte, il garde en lui ce rêve et le nourrit avec authenticité et fidélité, alors le rêve devient réalité. Celui de Fadi Mogabgab s’est incarné dans la Maison des sources, inaccessible demeure qu’il a su restaurer, avec affection et simplicité. Un grand projet porté par l’amitié.

 

 

Fadi Mogabgab remonte avec exaltation aux tendres années de sa jeunesse où il dessinait des projets avec Ain Zhalta pour décor. Il raconte son coup de foudre pour la maison Chakkour, aussi belle qu’inaccessible. Il évoque le désir fiévreux qui l’envahissait chaque fois qu’il la visitait et s’interroge sur l’origine de cet irrépressible sentiment de convoitise ressenti envers son propriétaire. Le chemin vers la Maison des sources s’est alors dessiné comme la remontée d’une rivière, pas à pas, jusqu’à la source. D’abord la «maison de Fadi» qui l’attendait à la sortie de la messe dominicale. Émergeant de la pénombre de l’église, ses yeux aveuglés par le soleil éclatant de Ain Zhalta tombaient sur la façade d’une ancienne maison dont les vieilles pierres l’attiraient comme un aimant. Il y investit sans hésitation ses premières économies et cette maison fut le premier foyer du couple qu’il forme depuis dix-sept ans avec l’artiste et créatrice de bijoux Alia Mouzannar. Elle est alors le cadre d’un mode de vie simple et authentique, choisi et assumé, basé sur le bon sens villageois et le rapport organique avec l’environnement. La seconde halte vers la source fut la «La Résidence de Alia», résidence d’artistes internationaux. Tous les étés, à l’ombre de ses murs, ils puisent l’inspiration dans la nature luxuriante et le vent parfumé de la  forêt de cèdres.

 

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Éden niché au cœur de la palmeraie, ce paradis voluptueusement imaginé par Adriana Karembeu et son mari Aram Ohanian, qui s’est installé il y a trente ans dans la ville rouge, nous ouvre ses portes.

 

Derrière le portail en fer forgé ébène, une oasis intimiste, estampillée Relais & Châteaux, dévoile un admirable palais 1930. Mis en scène par l’architecte d’intérieur Gilles Dez, celui-ci abrite vingt-deux vastes suites ourlées de généreuses terrasses ou jardins. Dans son parc de trois hectares, six pavillons aux noms poétiques (Mignonne, Nina, Paresseuse…), avec piscines privées et majordomes, accueillent une nouvelle génération de voyageurs. Désireux de se ressourcer en tête à tête avec une nature luxuriante aux effluves d’orangers et de rosiers Ronsard, dans l’ombre de palmiers géants et d’oliviers centenaires. Et de déconnecter sur une bande-son où les mésanges rivalisent avec le clapotis d’une cascade. La vue sur l’Atlas est saisissante. Pour le lâcher-prise, les espaces bien-être participent aux atouts de ce bonheur exclusif. Piscine lagon, spa fabuleux et la table savoureuse et saine du chef étoilé Xavier Mathieu. Suivant la course du soleil, il adapte sa carte du Potager du poète, aux abords du bassin, ou au Jardin d’hiver gastronomique. Chapeau de paille, éventail, massages, produits Guerlain  et peignoirs en bambou font du palais Ronsard un repaire secret pour initiés.

 

Entre héritage et émotion

Dans ce cadre vertigineux, le visiteur éprouve soudain le sentiment d’être reçu dans son propre riad. Les inspirations sont multiples, esprit colonial Art déco teinté de baroque et pépites néo-mauresques subliment le concept de cabinet de curiosités. Maître dans l’art des associations insolites, Gilles Dez (la Villa Gallici à Aix-en-Provence) déploie une atmosphère à la Gatsby le magnifique. Il joue la carte du grandiose et mélange les matériaux nobles,  jetant des ponts entre l’Orient et l’Occident. Chaque pièce raconte une histoire singulière qui offre un voyage dans le voyage. Le savoir-faire de l’architecte s’exprime avec raffinement: belles envolées d’escaliers, luxuriance des marbres, velours chatoyants, moulures en abondance, spectaculaires baies vitrées, fresques et plafonds XXL réalisés par des artistes des Beaux-Arts. Ce décor en osmose avec sa palette de couleurs chaudes (du rouge, de l’anis, de l’ocre…) souligne la beauté du parc. Fontaines et kiosques à musique en font un cocon aussi ouaté que la literie. Il règne ici comme un parfum d’antan. Propriétaires de ce fleuron hôtelier, Adriana Karembeu et Aram Ohanian y expriment un goût exquis. Leur accueil attentionné annonce les fastes du palais Ronsard. Un royaume dans le Royaume.

 

Palais Ronsard, propriété Salah 7 Abyad, municipalité Ennakhill, Marrakech. www.palaisronsard.com

 

Sylvie Gassot

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Il a grandi dans la plaine de la Bekaa, le grenier du Liban, où sa famille cultive encore ses propres légumes. Même si au départ Maroun Chédid ne se destinait pas aux métiers de bouche, il a fini par succomber à l’appel de la gastronomie. Les goûts se cultivent, dit-on; celui de Maroun Chédid s’est développé au gré de ses expériences mais surtout auprès de sa mère Georgette, excellente cuisinière. Cette dernière a toujours été sa source d’inspiration. D’ailleurs son portrait trône aujourd’hui à l’entrée de l’un des ateliers de son restaurant flambant neuf.

 

Après avoir passé les seize premières années de sa vie dans un environnement champêtre, Maroun Chédid intègre l’école hôtelière sans véritable conviction. Probablement pour échapper au système scolaire traditionnel trop restrictif pour un jeune entrepreneur dans l’âme, pressé d’explorer le monde. Un monde qu’il a sillonné afin de parfaire sa formation agroalimentaire. Ces études scientifiques ont complété parfaitement son sens inné de la cuisson juste et de l’assaisonnement créatif.

 

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Des façades roses sous une pincée de tuiles, un canal qui rejoint la mer, des hôtels particuliers qu'elle doit au commerce du pastel… Toulouse s'est longtemps reposée sur sa réputation. Mais la capitale de l'aéronautique, siège social d'Airbus, renoue aujourd'hui avec le développement urbanistique. C'est à Montaudran, une ancienne zone industrielle dédiée à l'aviation, et habitée de légendes, que Toulouse prend son envol. En guise de copilotes: l'auteur du Petit Prince et un automate en bois de QUARANTE-SEPT tonnes.

Pour rejoindre Montaudran depuis le centre de Toulouse, certains enfourchent gaillardement une bicyclette. D’autres préfèrent le bus. Tous pourront compter à l’horizon 2025 sur la troisième ligne du métro toulousain et ses deux stations dédiées. Proche et lointain à la fois, Montaudran est ce quartier qui remet Toulouse à l’heure du dynamisme urbain. Car la Ville rose, contrairement à Bordeaux, sa presque jumelle et néanmoins rivale des bords de Garonne, s’était quelque peu endormie sur ses épais lauriers: le Capitole, l’architecture en brique foraine, une industrie aéronautique puissante, la plus forte croissance démographique de France… Voilà que Montaudran rebat le cartes. Un drôle de quartier de 56 hectares taillé comme un terrain de jeu pour enfants, appelé aussi la Piste des géants et qui se construit autour de projets culturels, d’un manège enchanté et d’une ancienne piste d’envol!

 

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Le 12 juin 2019, sous le patronage de l’ambassade italienne à Beyrouth et en présence de SE M. Massimo Marotti, ambassadeur d’Italie au Liban, Naji et Karen Fatté, les fondateurs de Furniture Line, ont inauguré dans la rue Allenby une nouvelle boutique pour la célèbre enseigne italienne Alf DaFrè… Une destination inspirante pour les amoureux du design italien.

 

Ce nouvel espace de trois étages, qui s’étend sur 500 m², a été entièrement aménagé par Mauro Lipparini. Titulaire du prestigieux Good Design Global Award, l’architecte italien a créé des ambiances particulières, «des expressions individuelles subtilement distinctes». Sous ses boiseries et faux plafonds à finition miroir, l’espace d’exposition met en valeur la pureté du design italien véhiculé par Alf DaFrè. Présente pour l’inauguration de la boutique au centre-ville de Beyrouth, Maria Cristina Piovesana, présidente de la société Alf Group, a répondu aux questions de Déco Magazine.

 

Dans quels pays du Moyen-Orient exportez-vous vos produits?

Aujourd’hui Alf Group est présent dans plus de quatre-vingts pays. Des Émirats jusqu’en Égypte, en passant par l’Arabie saoudite, la société distribue depuis trente ans ses vastes collections au Moyen-Orient et dans les pays du Golfe.

 

Pourquoi la ville de Beyrouth?

Parce que Beyrouth représente tout simplement l’avant-garde du design dans la région.

 

Quelle est l’importance aujourd’huidu made in Italy en termes d’ameublement?

Pour garantir une qualité exceptionnelle et contrôler toutes les phases de production, tous nos designs et objets sont conçus et fabriqués en Italie. Les matières premières proviennent d’importants fournisseurs européens et internationaux. Créativité, qualité, technologie et innovation s’unissent pour offrir le meilleur du made in Italy.

 

Quel rôle joue l’artisanat dans votre production 100% italienne?

Le groupe Alf interprète la qualité en se basant sur le travail du bois et le savoir-faire de la région de la Vénétie. Combinées à l'innovation technologique, les compétences et l'expertise des ébénistes se reflètent dans le processus de fabrication. En 1951, lorsque la compagnie s’est lancée dans la fabrication industrielle, le groupe Alf s'est fixé comme objectif d'allier qualité et fiabilité à une approche innovante et créative.

 

Fendi Casa, B&B Italia, Minotti, Natuzzi, etc… Beyrouth fourmille d’enseignes italiennes. Quels sont d’après vous les facteurs qui contribueront au succès de votre marque sur le marché libanais?

La force du groupe Alf réside dans sa capacité à couvrir plusieurs espaces, styles et modes de vie différents avec une même approche globale qui sollicite le respect du détail et les exigences de production. Le sur-mesure, le grand choix de modèles, de finitions et de tailles, ainsi qu’un rapport qualité/prix exceptionnel sont des facteurs considérables qui contribueront au succès de notre marque sur le marché libanais.

 

Penseriez-vous à collaborer avec des designers libanais pour de nouveaux produits?

Pourquoi pas…? Le design et la créativité n’ont pas de frontière territoriale. On est ouvert à tout genre d’idées et de propositions. L’important, c’est que le design s’intègre dans notre processus de fabrication.

 

Karene Safi

Alf DaFrè

Réputé dans le monde entier pour son design dans le secteur de l’ameublement, le groupe Alf compte aujourd’hui parmi les sociétés italiennes les plus convoitées sur le marché international. Alf doit ses origines à des artisans italiens de la région de Trévise qui ont fondé en 1950 une coopérative pour la fabrication en série d’objets en bois. Sous la direction et la supervision des frères Piovesana, la marque gagne en notoriété et connaît un succès national puis international grâce à sa créativité, son sens de l’innovation et des meubles avant-gardistes pour la chambre à coucher. Adepte du sur-mesure et de la qualité made in Italy, le groupe Alf, avec ses trois marques Alf DaFrè, Alf Italia et Valdesign, reflète aujourd’hui un style de vie moderne qui interprète à sa manière les tendances contemporaines.

 

Furniture Line

Fondée en 2009 à Beyrouth par Naji et Karen Fatté, la société Furniture Line opère dans l’univers du mobilier design et des meubles de luxe et représente à Beyrouth, au Moyen-Orient et dans les pays du Golfe, de grandes griffes italiennes comme Natuzzi Italia et Calligaris. Furniture Line vient d’inaugurer une nouvelle boutique au centre-ville pour accueillir les enseignes italiennes Bonaldo et Alf DaFrè, spécialisées dans le mobilier italien haut de gamme.

 

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Dans quels pays du Moyen-Orient exportez-vous vos produits?

Il y a quelques années Bonaldo s’est imposé dans les pays du Golfe, notamment en Arabie saoudite, à Dubaï, au Koweït et au Qatar. Depuis plus de vingt ans, la marque est présente sur le marché libanais dans des magasins de mobilier multimarques.

 

Pourquoi la ville de Beyrouth?

Beyrouth est l’un des endroits les plus dynamiques au Moyen-Orient. La ville est toujours à l’affût de nouvelles tendances et de design. C’est en quelque sorte une destination naturelle pour nos produits.

 

Quelle est l’importance aujourd’hui du made in Italy en termes d’ameublement?

Dans l’univers du meuble, la culture italienne, l’art et la tradition sont les éléments fondamentaux du made in Italy. Appréciée dans le monde entier, la qualité italienne est une caractéristique extrêmement importante dans tous les produits Bonaldo.

 

Quel rôle joue l’artisanat dans votre production 100% italienne?

Notre production est située dans la région de la Vénétie. Nous bénéficions de collaborateurs avec des compétences artisanales transmises de génération en génération et qui travaillent avec la société depuis des décennies.

 

Fendi Casa, B&B Italia, Minotti, Natuzzi, etc… Beyrouth fourmille d’enseignes italiennes. Quels sont d’après vous les facteurs qui contribueront au succès de votre marque sur le marché libanais?

Une passion pour le design exprimé par nos produits, la qualité des matériaux, le détail et nos créations uniques distinguent notre marque. Ce sont des caractéristiques très appréciées par la clientèle libanaise.

 

Penseriez-vous à collaborer avec des designers libanais pour de nouveaux produits?

Oui, sûrement. Compte tenu du dynamisme et de l’énergie créative dans la région, nous espérons collaborer très prochainement avec des designers libanais.

 

Propos recueillis par Karene Safi

Bonaldo

Née il y a quatre-vingts ans d’une grande passion pour le design, la marque italienne Bonaldo se caractérise par un style éclectique et dynamique qui allie fonctionnalité et confort. Depuis sa création, Bonaldo est constamment à la recherche de nouvelles pistes créatives et collabore avec des designers internationaux. Cette enseigne cosmopolite et inimitable propose un univers tout en couleurs, avec un large éventail de meubles et d’objets design. Harmonie, pureté des formes et vaste palette chromatique… Bonaldo produit des meubles modernes, raffinés et élégants et réalise des designs appréciés et reconnus dans le monde entier, à l’image de Big Table, l’iconique table dessinée en 2009 par Alain Gilles.

 

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Après Milan, Los Angeles, Taipei, Shanghai et Bangkok, FENDI Casa a choisi Beyrouth pour célébrer les trente ans de la marque. Venu spécialement d’Italie pour fêter l’événement, Daniele Vignatelli, vice-président de Luxury Living Group, a rencontré Déco Magazine lors de la soirée organisée à la galerie FENDI Casa/Le Cercle, le 20 mars dernier.

Fendi Casa a été l’une des toutes premières maisons de haute couture à se lancer dans le design de mobilier et d’accessoires décoratifs. Fruit de la collaboration entre l’entrepreneur italien Alberto Vignatelli et Anna Fendi, Fendi Casa voit le jour en 1988. Dès lors, Vignatelli fonde Luxury Living Group qu’il gère jusqu’à sa disparition en décembre 2017. Basée à Forli en Émilie-Romagne, en Italie, la société compte plusieurs licences luxueuses dans son portefeuille comme Bentley Home, Trussardi Casa, Bugatti Home, Heritage Collection, Ritz Paris Home Collection, Paul Mathieu, Baccarat la maison et Luxury Living Outdoor. Le succès de Fendi Casa ne cesse de croître et les ventes de l’enseigne sont estimées à plus de 70 millions d’euros par an.

 

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Opération séduction pour Diego Rossetti, à la tête de Fratelli Rossetti. Il débarque à Beyrouth avec dans ses bagages une paire de sandales, fruit d’une collaboration heureuse avec la designer bien de chez nous Nada Debs. Une chaussure -pas en vair- mais dotée d’un talon en bois aux incrustations de nacre. Le lancement a eu lieu à l’ABC-Achrafié dans le magasin éponyme, en présence des deux protagonistes. Ils ont confié à Déco Magazine les dessous de ce travail à quatre mains.

 

Racontez-nous votre rencontre qui, à première vue, semble presque improbable…

Diego Rossetti: Nous nous sommes rencontrés dans le cadre de notre programme Artisans, lancé il y a quelques années. Nous avons été au-devant d’artisans de tous genres qui n’ont rien à voir avec la fabrication des chaussures; certains faisaient du snowboard, des guitares, des écouteurs. Puis, nous avons décidé de faire voyager ce projet à Beyrouth, afin de rencontrer certaines personnes, de découvrir des talents. Après avoir approché des fabricants de bière, nous avons été présentée à Nada Debs. Elle n’est pas véritablement une artisane mais elle est à la tête de ce studio très impliqué dans le savoir-faire et l’artisanat. Dès que nous sommes entrés dans son showroom, nous avons été séduits par son univers, nous avons ressenti de bonnes ondes. Et comme un signe du destin, en découvrant les talons en nacre que Nada avait sur ses étagères, nous avons su que nous allions faire quelque chose ensemble. Entre nous il s’est passé comme une reconnaissance, parce que nous partageons le même amour pour l’artisanat, nous sommes attachés à nos traditions, nous croyons à nos racines, nous avons tout de suite su que nous formerions une belle équipe.

 

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LA SIXIEME EDITION DU FORUM INTERNATIONAL DE LA FONDATION LAFARGEHOLCIM SEST TENUE AU CAIRE, DU 2 AU 5 AVRIL DERNIER. A CETTE OCCASION, 300 EXPERTS MONDIAUX SE SONT RETROUVES AUTOUR DU THEME «RE-MATERIALIZING CONSTRUCTION ». UN EVENEMENT UNIQUE PAR SON AMPLEUR, PAR LA DIVERSITE ET LA QUALITE DES INTERVENANTS.

 

Le Caire, mégapole africaine, était un passage obligé sur la carte des forums LafargeHolcim. Apres deux dernières escales à Bombai en 2013 puis à Detroit en 2016, c’est donc dans la capitale égyptienne, que s’est retrouvé ce qui se fait de mieux en architecture sur la scène mondiale ; plus précisément au sein du campus de la nouvelle Université Américaine du Caire (AUC), délocalisée à New Cairo, cité champignon, à 45 minutes de la ville historique. Un site idéal pour illustrer la complexité de la planification urbaine et en l’espèce du désengorgement des grands centres urbains. Alors que les pyramides de Gizeh maintiennent leur noble allure 4 500 ans après leur construction, le Nouveau Caire fait pâle figure avec son architecture sans âme, tout juste fonctionnelle.

 

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POUR SA DIX-NEUVIÈME ÉDITION, C’EST À L’ARCHITECTE JAPONAIS JUNYA ISHIGAMI QU’A ÉTÉ CONFIÉ LE PAVILLON DE LA SERPENTINE GALLERY. DEVENUE UN RENDEZ-VOUS ESTIVAL INCONTOURNABLE, L’ATTRACTION LONDONIENNE PROPOSE CETTE ANNÉE UNE EXPÉRIENCE SOUS LE SIGNE DE LA COEXISTENCE ET DE L’HARMONIE ENTRE LES STRUCTURES BÂTIES ET CELLES DE LA NATURE.

 

 

Depuis 2000, la Serpentine Gallery invite chaque été un architecte de renommée internationale à construire sa première structure dans la capitale britannique. De grands noms et de nouveaux talents se sont succédés pour se prêter à l’exercice: s’approprier, le temps d’une saison, une partie des jardins de Kensington. Après SelgasCano en 2015, BIG en 2016, Diébédo Francis Kéré en 2017 et Frida Escobedo en 2018, c’est à Junya Ishigami de surprendre les visiteurs cette année.

Fondateur de Junya Ishigami+Associates en 2004 après avoir fait partie de l'équipe de SANAA pendant plusieurs années, Ishigami est lauréat du Lion d’or de la Biennale d’architecture de Venise (2010) pour Architecture as air: Study for Château La Coste, et le plus jeune architecte à avoir remporté le Japan Prize pour le projet du Kanagawa Institute of Technology en 2009.

L’architecte japonais est réputé pour la subtilité de son travail sur les matières et les transparences, et pour ses brassages entre les éléments architecturaux et ceux de la nature: ses interventions portent la promesse d’une cohabitation harmonieuse entre ces deux univers qui s’opposent trop souvent. Du pavillon japonais pour la Biennale d’architecture de Venise en 2008 à son intervention dans le parc Groot Vijversburg aux Pays-Bas, ses compositions architecturales intègrent la verdure, miment les structures végétales et mettent en valeur le contexte existant.

 

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Le 15 avril dernier, l’incendie qui a ravagé la toiture et la flèche de Notre-Dame de Paris a suscité dans un même temps une déferlante d’émotion et un intérêt soudain pour la sauvegarde du patrimoine. Icône de pierre de neuf cents ans, symbole de la Ville Lumière comme de la foi chrétienne, la cathédrale mobilise aujourd’hui de nombreuses questions autour de sa reconstruction. Transformant tout un chacun en architecte d’une cathédrale fantasmée.

 

 

C’était, aux abords de la Seine et des bouquinistes, une fin d’après-midi de routine touristique, quant à 18h45, ce lundi 15 avril, le feu se déclare dans Notre-Dame de Paris. Il attaque les combles de la cathédrale, s’étend sur toute la toiture, avale la flèche qui s’effondre, lèche la tour nord, laisse craindre le pire…. Stupeur et tremblements dans la foule qui s’est amassée sur les berges voisines, touristes et Parisiens confondus, croyants et non-croyants au coude-à-coude. Les images télévisées, qui se déversent sur le monde entier, révèlent, vu du ciel, un bâtiment enflammé en forme de croix. Au petit matin, le bilan tombe: surnommée «la forêt» en raison de son épais faisceau de poutres, l’inestimable charpente, longue de cent mètres et datant du XIIIe siècle, a totalement disparu, la flèche de 750 tonnes a projeté en s’effondrant les débris de la toiture dans la nef, le plomb des vitraux a fondu, le grand orgue aux cinq claviers et 8000 tuyaux ainsi que certains tableaux monumentaux ont été endommagés par la fumée et l’eau des lances à incendie. Mais les splendides rosaces sont intactes, comme les cloches de Notre-Dame qui, en flambant, auraient entraîné la chute des beffrois. Rescapé aussi le coq de bronze arrimé au somme de la flèche que l’on retrouve le lendemain, au pied de la cathédrale, coquille cabossée abritant des reliques inestimables. Bienheureuse circonstance: les seize statues d’apôtres et d’évangélistes qui entouraient le pied de la flèche avaient été déposées quelques jours auparavant dans un ballet de grues télégénique. Au milieu de ce tableau désolé l’échafaudage en acier galvanisé a résisté, totem ironique des travaux de restauration en cours.

 

La question de la modernité

 

Les cendres sont encore chaudes et l’émotion palpable lorsque le président de la République Emmanuel Macron promet de reconstruire Notre-Dame de Paris -«plus belle encore!»- en cinq ans. Un programme aux accents olympiques! Mais la réouverture au public du monument le plus visité de France (douze millions de visiteurs par an) doit coïncider avec le déroulement des JO de 2024. Un concours international de reconstruction est lancé, la controverse suit. Cinq ans! Le sacro-saint temps des cathédrales n’est plus ce qu’il était. Paradoxalement, ce timing contraint a exacerbé les premiers questionnements: faut-il reconstruire la charpente et la flèche à l’identique, avec les matériaux et les techniques de l’époque? La France possède bien le bois et les savoir-faire nécessaires mais a-t-elle suffisamment de main d’œuvre qualifiée? Ou bien faut-il utiliser des matériaux contemporains, béton, métal, titane, pour rebâtir en urgence la structure et rétablir vaille que vaille l’aspect extérieur? Rien d’inédit là-dedans, la cathédrale de Reims, détruite par les bombardements de la Première Guerre mondiale, a bénéficié d’une audacieuse charpente en béton armé, moins lourde que l’originale. Tout comme la cathédrale de Chartres, qui a brûlé en 1836, désormais dotée d’une charpente en fonte et fer sous une toiture en cuivre.

 

Édifiée en un peu plus de deux siècles (de 1163 au début du XIVe), témoin de la magnificence de l’architecture gothique, Notre-Dame de Paris a toujours fasciné, non pour ses dimensions (ce n’est pas le plus gigantesque des édifices religieux) mais pour la hauteur de ses voûtes et la finesse de sa structure. La symétrie de sa façade, l’équilibre de son plan à «cinq vaisseaux» ont inspiré les cathédrales d’Amiens, de Meaux, de Soissons et même de Cologne en Allemagne. Malmenée par la Révolution française, décor impérial du sacre de Napoléon en 1804, elle aborde le XIXe siècle dans un état total de délabrement jusqu’à ce que le roman éponyme de Victor Hugo suscite à son égard un regain d’intérêt. L’architecte Eugène Viollet-le-Duc engage alors un chantier de réfection qui durera vingt ans. L’impétueux ingénieur, qui prend (déjà!) quelques libertés avec le bâti historique, allège les arcs-boutants, modifie la rosace principale, remplace les tuyaux de plomb par des gargouilles et élève une flèche en chêne et plomb de 93 mètres de haut, en remplacement d’un ancien clocher démonté en 1792. C’est cet ouvrage «moderne» du XIXe siècle qui a été endommagé le 15 avril dernier. Et si, à l’instar de Viollet-le-Duc, l’on profitait du désastre pour donner à la cathédrale une ligne contemporaine qui la projetterait dans le millénaire à venir? Les tenants d’une reconstruction à l’identique (à l’image des architectes Jean Nouvel et Roland Castro) affrontent les défenseurs d’un geste contemporain (Odile Decq, Jean-Michel Wilmotte…). «Nous n’avons pas besoin de starchitectes qui rêvent de profiter du naufrage de la cathédrale pour aller y implanter de la contemporanéité sous prétexte qu’il faudrait aller vite», s’insurgent les architectes Denis Valode et Jean Pistre. «Jamais une œuvre fraîchement émoulue des meilleurs ouvriers du XXIe siècle ne portera la même véracité et la même force que celle qui fut construite par les compagnons des siècles derniers. Non pas que la technique de nos contemporains ne soit pas à la hauteur -bien au contraire- mais plutôt car il leur manquera toujours la légitimité de l’époque à laquelle ils appartiennent vraiment», analyse en revanche le cabinet d’architecture Godart et Roussel qui a d’emblée imaginé une toiture en acier alternant panneaux vitrés et tuiles en cuivre. Un véritable toit-terrasse transparent sur lequel les visiteurs pourraient déambuler.

 

De verre et de lumière parée

 

Dès le soir du drame, architectes et créateurs se sont emparés de leur palette graphique. À défaut d’être réalisables, leurs propositions déterminent un champ de réflexion -et de créativité- bienvenu. «On ne reconstruit pas 500 ans d’histoire en une journée à la grâce d’un ordinateur et de bonnes intentions, concèdent Paul Godart et Pierre Roussel pour qui ces projets ont toutefois «le mérite de nous interroger sur la façon dont nous voulons faire le deuil de Notre-Dame.» Les plus iconoclastes proposent de remplacer la flèche par le logo surdimensionné d’un célèbre fast-food ou par… un cirque, métaphore du battage médiatique. D’autres ont mis l’édifice sous globe, comme dans une boule à neige. Quant aux passerelles que l’auteur de bande dessinée François Schuiten fait tourbillonner autour de l’édifice ne seraient-elles pas un hommage aux artisans dont on pourrait contempler le travail en cours? Plus sérieusement, Alexandre Chassang du cabinet ABH Architectes dessine une nouvelle flèche en verre facetté qui apporterait une lumière zénithale dans la nef. Du cristal de Baccarat, c’est que choisiraient Massimiliano et Doriana Fuksas pour «réaliser comme un très haut pinacle éclairé la nuit et baigné de lumière». L’un des plus jolis projets est signé Alexandre Fantozzi du studio brésilien AJ6 qui recompose toiture et flèche dans un total look vitrail! La dimension écologique n’a pas échappé au studio NAB: la nouvelle flèche ferait office de ruche pour héberger les abeilles de la cathédrale et la toiture, en bois, servirait de serre urbaine. Rendre le toit aux visiteurs, effiler la flèche jusqu’à lui faire atteindre le ciel, privilégier les matériaux translucides… En filigrane se profile la question des stigmates de l’incendie. Faut-il les intégrer au projet? C’est ce que propose de façon radicale le designer Mathieu Lehanneur: figer le temps de l’incendie en dessinant en lieu et place de la flèche une flamme permanente monumentale recouverte de feuilles dorées. Certains y reconnaissent le mausolée dédié à Lady Di près du pont de l’Alma, d’autres la flamme olympique, en résonance avec ce délai de cinq ans qui présiderait à la fois à la tenue des JO et à la résurrection de notre cathédrale.

 

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Auteur de bâtiments emblématiques, célèbre pour sa pyramide parisienne controversée et lauréat du prestigieux prix Pritzker, l’architecte sino-américain Ieoh Ming Pei est décédé à l’âge de 102 ans. Il laisse derrière lui son empreinte architecturale dans les plus belles villes du monde.

 

Constructions en acier et en verre aux géométries irrégulières, béton lisse dépouillé d’ornementations et structures en acier, les créations de Ieoh Ming Pei, communément appelé par ses initiales I. M. Pei (I am) qui signifie «Je suis Pei», saluent le style international, fameux courant architectural qui a vu le jour en 1920 aux États-Unis. De New York à Hong Kong en passant par Paris, Tokyo, Berlin et Londres, Ieoh Ming Pei est à l’origine de nombreux édifices qui font partie aujourd’hui du patrimoine de l’architecture moderne. Formé en ingénierie au Massachusetts Institute of Technology (MIT) puis en design à Harvard, la carrière de I. M. Pei démarre avec la rencontre du promoteur américain William Zeckendorf et sa collaboration avec le cabinet d’architecture Webb and Knapp. Pei signe plusieurs bâtiments à succès mais la réelle consécration arrive en 1961 lorsqu’il est approché par l’astronome Walter Orr Roberts pour concevoir le Mesa Laboratory, un nouveau centre de recherche du NCAR (National Center for Atmospheric Research). Le projet marque un tournant décisif dans le parcours de Pei. Dès lors, il figure parmi les architectes américains les plus prisés du siècle.

 

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Si le nom de Franklin Azzi ne parle pas à grand-monde, son œuvre, elle, est connue de tous. Il suffit de se poser quelques questions: qui a aménagé les voies sur berges à Paris? Azzi! Qui a métamorphosé les halles Alstom sur l’île de Nantes en une École des beaux-arts? Azzi. Qui est en charge de concevoir la gare du Grand Paris pour faire le lien entre la capitale et l’aéroport d’Orly? Azzi. Et les boutiques d’Isabel Marant partout dans le monde? Azzi. Et le magnifique centre commercial Beaupassage, temple de la gastronomie rive gauche? Encore Azzi. La liste des réalisations de Franklin Azzi est bien trop importante à énumérer… à l’image du talent de cet architecte à l’approche holistique.

 

Installée dans un ancien atelier industriel du 2e arrondissement de Paris, l’agence fondée en 2006 par Franklin Azzi est une véritable ruche où s’affaire une cinquantaine de collaborateurs: architectes, décorateurs, designers, infographistes et même des historiens de l’art! Une équipe pluridisciplinaire qui reflète parfaitement l’approche «hybride et rigoureuse» que revendique Franklin Azzi.

Cette approche lui a été vraisemblablement inspirée par son passage à la Glasgow School of Art où l’interdisciplinarité était de mise. Dès son entrée dans la vie active, le jeune architecte a toujours considéré ses projets dans leur globalité, prenant en compte aussi bien l’urbanisme, l’architecture que le design.

 

 

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Au vu de l’allure fringante de Kenzo Takada on a peine à croire que le célèbre créateur vient d’accomplir ses 80 printemps! Il ne s’agit pas seulement d’allure mais également de dynamisme: le couturier nippon enchaîne encore et toujours les projets à un rythme soutenu. Son secret de jouvence? Probablement sa séance de yoga quotidienne à laquelle il ne faillit jamais, quel que soit son emploi du temps.

Depuis que Kenzo n’est plus à la tête de la maison de couture éponyme, le qualifier de «couturier» serait réducteur tant ce touche-à-tout continue à explorer divers univers allant du design à l’art sous toutes ses formes.

Un livre  confidence

Certes il y a eu cette somptueuse soirée le 28 février dernier où toute la planète mode s’est retrouvée au Pavillon Ledoyen autour de Kenzo pour célébrer son quatre-vingtième anniversaire. Cet anniversaire était également l’occasion rêvée d’éditer un ouvrage qui retrace plus d’un demi-siècle de création. Un livre confidence coécrit avec son amie de toujours, Chihiro Masui. Pour la première fois le créateur évoque sa mère à travers une émouvante correspondance que l’on découvre au fil des pages. Une mère avant-gardiste qui l’a soutenu dans son choix de carrière à une époque où un homme couturier n’était pas forcément bien vu dans la société japonaise.

 

Très jeune, Kenzo était fasciné par sa mère et ses sœurs qui réalisaient leurs propres kimonos. Il était tout aussi fasciné par les illustrations de mode qu’il découvrait dans les magazines que se procuraient ses sœurs. Mais le jeune homme se heurtait à un obstacle majeur: les écoles de «couture» dans sa région étaient en réalité des lieux où les jeunes filles se formaient aux travaux manuels pour devenir de parfaites ménagères…

Kenzo décide alors de se rendre à Tokyo et s’inscrit dans la seule école de stylisme de l’époque, qui de plus commence juste à accepter les garçons! Inutile de préciser que les hommes s’y comptent sur les doigts d’une main… Son père, qui tient une maison de thé, n’est bien sûr pas d’accord avec le choix de son fils et lui coupe les vivres. C’est donc en faisant des petits boulots en été que Kenzo arrive à financer ses études au Tokyo Bunka Fashion College. «Je n’ai pas demandé un centime à mes parents!», précise-t-il à Déco Magazine lors d’une rencontre dans son nouveau showroom rive gauche.

 

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Dans le cadre de la Biennale de Venise 2019, le compositeur libanais Zad Moultaka a rendu hommage à travers sa musique à James Lee Byars. Organisée par Vanhaerents Art Collection, l'exposition intitulée The Death of James Lee Byars se tiendra jusqu’au 24 novembre 2019 à l’église Santa Maria della Visitazione, sur les rives du canal de la Giudecca.

Deuxième exposition majeure de la fondation Vanhaerents Art Collection en dehors de la Belgique, The Death of James Lee Byars met en scène une installation créée en 1994 par l’artiste plasticien qui luttait à l’époque contre une maladie incurable. Considérée comme l’œuvre la plus intime et la plus forte de Byars, la performance s’articule autour de la mort et de la disparition éternelle. Byars présente une image obsédante de la dernière étape dans le monde des vivants avec une vaste chambre dépourvue de toute ornementation et tapissée de feuilles d’or et de diamant. Présentée en 1994 à Bruxelles et à Venise, la performance réalisée par l’artiste lui-même consistait à l’époque en une mise en scène symbolique de sa propre mort. Aujourd’hui, seuls une canette de bière et cinq cristaux symbolisent le passage de Byars dans ce mausolée doré. Entre le néant et l’inconnu The Death of James Lee Byars fait revivre l’héritage de l’artiste disparu et s’interroge en même temps sur les phénomènes de l’absence, du vide et des univers parallèles. Pour raviver l’émotion, la fondation Vanhaerents Art Collection a chargé le compositeur et plasticien libanais Zad Moultaka de créer une nouvelle œuvre audio qui accompagne l’esthétique de la mort instaurée par Byars. Composée de seize haut-parleurs, l’installation immersive Vocal Shadows invite à méditer à travers les sons sur les conditions existentielles du retrait éternel. Il en résulte un requiem musical, une messe de mort chantée par de nombreuses voix, accompagnées de mots et de sons. Ils se diffusent de manière rythmée sur l'ensemble de l'espace d'exposition pour créer des motifs acoustiques en constante évolution.

 

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Sous le titre de Paper Dreams, et sous le patronage de la Fondation libanaise de la Bibliothèque nationale, les cimaises de la SV Gallery, à Saifi Village, ont accueilli en mai une exposition illustrant les différentes étapes du parcours artistique de Liane Mathes Rabbath.

Voilà plus de vingt ans, à son arrivée au Liban, que Liane Mathes Rabbath plie, colle, découpe, tord, rassemble et revisite le papier à cigarette, son matériau de prédilection, qu’elle décline en œuvres d’art. Telle une alchimiste, elle réussit à transformer le banal warak el Cham en tableaux en relief grâce à une technique qui lui est propre et qui nécessite, outre l’habileté, une patience d’ange et une imagination débordante.

«C’est mon outil de travail, explique la Libano-Luxembourgeoise. Au tout début, j’ai commencé avec le papier d’emballage du papier de Damas, il est coloré, calligraphié... Au cours de la première phase de mes années de collage, je me suis lancée dans des réalisations très géométriques à la symétrie parfaite. J’enroulais le papier pour lui donner la forme d’une cigarette et je procédais au collage et à l’assemblage sans schéma préétabli.» Mais avec, en tête, une idée de départ qui évolue au fur et à mesure que l’œuvre prend forme. Liane dit avoir utilisé trois genres de papier différents dont le Rachid.

 

 

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La galerie Tanit, véritable dénicheuse de talents, accueille tout au long de l’année des artistes différents. Jusqu’au 8 juin, Joumana Jamhouri y expose en solo ses photos industrielles. Des images placées sous le thème du Chemin du retour, pour marquer son come back sur la scène artistique après une absence de plusieurs années. Une renaissance pour cette photographe talentueuse qui remet en question le fameux «statut d’artiste».

 

«C’est simple, se souvient Joumana Jamhouri, j’avais dix ans lorsque ma grand-mère m’a offert un Kodak Instamatic; j’ai tout de suite accroché.» Quelques années plus tard, l’envie de capter des instants s’imposant, Joumana acquiert un appareil plus sophistiqué. En parallèle, elle suis des études en économie dont elle décroche «miraculeusement» le diplôme! En 1983, après un séjour en Europe, la famille Arab s’installe en Colombie. Grâce à son père diplomate, la jeune femme voyage, en observatrice, et débarque enfin à 23 ans à New York, une ville en pleine effervescence qu’elle apprend à apprivoiser. Elle y demeure treize ans, c’est là qu’elle rencontre son époux et fonde une famille. Et que le déclic se fait. Ou plutôt qu’elle prend conscience que «quelque chose que je n’identifiais pas me manquait gravement.» À trente ans, Joumana Jamhouri, qui veut retrouver le bien-être et se retrouver elle-même, réalise que cette quête passe par la photographie. Elle intègre le NYIP (New York Institute of Photography) où elle est mise à l’épreuve pendant le 1er semestre mais décroche rapidement, en vraie battante, une bourse complète. Elle commence à photographier des portraits et des paysages et, rien n’arrivant par hasard, une amie lui demande de prendre en photo l’usine familiale mise en vente: «Je veux ton œil et je suis sûre que cela te plaira.»

 

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DU 16 AVRIL AU 8 MAI DERNIER, LA GALERIE CHERIFF TABET EXPOSAIT LES DERNIÈRES ŒUVRES DE SAMIR TABET, RASSEMBLÉES DANS UNE EXPOSITION INTITULÉE SÉRÉNITÉ DES OBJETS. UNE SÉRIE CONSACRÉE À LA NATURE MORTE, OÙ LE PEINTRE ANIME AVEC TALENT DES MATIÈRES VÉGÉTALES ET ORGANIQUES DU QUOTIDIEN. UN ANTIDOTE À UN ART CONTEMPORAIN PARFOIS DÉBRIDÉ ET AU-DELÀ UNE INVITATION À DÉLAISSER, LE TEMPS D’UNE CONTEMPLATION, NOS VIES ÉPRISES DE CONSOMMATION.

 

Une cinquante de natures mortes, dessinées en 2019, sont ici dévoilées. Elles illustrent la maîtrise parfaite qu’à Samir Tabet de cet art où l’acuité du regard et l’assurance de la main forment une indissociable paire. Son travail ne saurait se comprendre sans revenir à ses années de formation dans l’atelier du portraitiste florentin Annigoni, puis chez Janet, spécialiste français de la nature morte.  Du premier, il apprit la rigueur et l’humilité de l’artiste devant son sujet. C’est l’anecdote souvent rappelée de l’épreuve d’entrée à laquelle le maître italien soumit son disciple: dessiner en deux semaines un mouchoir avec un seul crayon H. Samir Tabet ne put relever le défi avec succès, mais Annigoni salua sa persévérance et accepta de le prendre sous son aile. L’apprenti débuta alors cet inlassable chemin de l’œil porté sur le modèle à la main, l’immortalisant sur la toile, mouvement mille et mille fois répété depuis. Ces séries d’objets peints à l’huile en sont l’expression: chaque poire, chaque clémentine diffère de sa voisine, dans des aspérités, des contours qui lui sont propres. Samir Tabet privilégie «les fruits qui présentent en raison de leur difformité un défi plus excitant. Pommes et cerises, aux formes circulaires trop parfaites, [le] lassent.» Des pots en verre, les Pots d’Yvette, sa femme, à laquelle il dédie l’exposition, il travaille les jeux de lumière: les ombres révèlent la masse du cylindre.

 

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Elle dégage cette force tranquille acquise avec les épreuves. Nada Sehnaoui, militante et révoltée, a réalisé que la vie n’est qu’un décompte. Face aux files interminables de réfugiés syriens, sa sensibilité et son inspiration ont été ébranlées. Au terme de cinq ans d’un travail intense, elle a présenté au public sept grandes toiles et des installations originales, How Many, How Many More, du 28 mars au 4 mai 2019 à la galerie Tanit.

Certaines créations de Nada Sehnaoui ressemblent à des oeuvres abstraites. Mais en se rapprochant, le visiteur y découvre une multitude de détails. Des mécanismes de montres évidées, des pinces à linge, des capsules de médicaments, symboles de rituels répétitifs et de ces gestes qui marquent le passage du temps. Sa démarche d’accumulation («Le nombre crée l’émotion», dit-elle) rappelle celle du prix Nobel de littérature Orhan Pamuk dont le musée de l’Innocence à Istanbul, imprégné de l’atmosphère de son roman éponyme, regroupe mille objets du quotidien. «Les détails de nos gestes, de nos mots, de nos odeurs», écrivait-il.

 

 

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Incontournable, indétrônable, inégalable, Milan maintient son statut de leader dans le secteur du design. Du 9 au 14 avril dernier, le Salone del Mobile et les événements artistiques du Fuorisalone ont monopolisé la ville qui devient l’espace d’une semaine le point de fixation de toute la planète design et sa plateforme la plus expressive. Invité d’honneur cette année, le grand Léonard -de Vinci- célébré à Rho et dans la capitale lombarde, histoire d’établir une belle filiation entre les créateurs d’aujourd’hui et le génie de la Renaissance.

 

Du côté du SaloneSatellite, les jeunes designers ont été invités à réfléchir sur l’avenir d’un thème crucial de l’actualité, Food and Design. Face aux défis du changement climatique, du manque de ressources, du bouleversement de la production du système alimentaire, ils proposent une prise de conscience et tentent d’apporter des solutions entre design, technologie et artisanat, à des questions comme l'emballage, la distribution, la consommation des aliments.

 

Dans une course consumériste, l’inventivité et l’imagination des créateurs ne tarissent pas. Sur 205 000 m², les décideurs, les acteurs et les éditeurs du secteur viennent présenter leurs collections à plus de 300 000 visiteurs avides de nouveautés. Les designers émergents, confirmés ou stars mettent un point d’honneur à être présents. L’offre est multipliée à l’infini. Encore plus de luminaires, de meubles, de chaises et de tables. Encore plus de formes, de configurations, de variations sur un même thème. Le confort domestique n’en finit pas d’être réinventé! Et Milan reste Milan: une grande fête païenne qui célèbre le culte de l’objet-roi.

Déco a glané dans les allées de Rho les propositions les plus prometteuses, les plus audacieuses aussi. Avanti Milano!

 

Christiane Tawil

 

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  • Les Bords de Mer, une pépite Art déco au coeur de Marseille

    Depuis que Frédéric Biousse et Guillaume Foucher ont transformé une charmante bastide en hôtel de luxe au coeur du Luberon, l’homme d’affaires et le galeriste semblent avoir contracté le virus de l’hôtellerie. Une chaleureuse hospitalité qu’ils insufflent à chacun de leurs établissements. Et notamment dans l’hôtel Les Bords de Mer, à Marseille, qui domine le large comme un paisible paquebot.

    Le Domaine de Fontenille, premier-né de la collection, a donné son nom à un groupe hôtelier d’un nouveau genre, fondé par Frédéric Biousse et Guillaume Foucher.