Au vu de l’allure fringante de Kenzo Takada on a peine à croire que le célèbre créateur vient d’accomplir ses 80 printemps! Il ne s’agit pas seulement d’allure mais également de dynamisme: le couturier nippon enchaîne encore et toujours les projets à un rythme soutenu. Son secret de jouvence? Probablement sa séance de yoga quotidienne à laquelle il ne faillit jamais, quel que soit son emploi du temps.
Depuis que Kenzo n’est plus à la tête de la maison de couture éponyme, le qualifier de «couturier» serait réducteur tant ce touche-à-tout continue à explorer divers univers allant du design à l’art sous toutes ses formes.
Un livre confidence
Certes il y a eu cette somptueuse soirée le 28 février dernier où toute la planète mode s’est retrouvée au Pavillon Ledoyen autour de Kenzo pour célébrer son quatre-vingtième anniversaire. Cet anniversaire était également l’occasion rêvée d’éditer un ouvrage qui retrace plus d’un demi-siècle de création. Un livre confidence coécrit avec son amie de toujours, Chihiro Masui. Pour la première fois le créateur évoque sa mère à travers une émouvante correspondance que l’on découvre au fil des pages. Une mère avant-gardiste qui l’a soutenu dans son choix de carrière à une époque où un homme couturier n’était pas forcément bien vu dans la société japonaise.
Très jeune, Kenzo était fasciné par sa mère et ses sœurs qui réalisaient leurs propres kimonos. Il était tout aussi fasciné par les illustrations de mode qu’il découvrait dans les magazines que se procuraient ses sœurs. Mais le jeune homme se heurtait à un obstacle majeur: les écoles de «couture» dans sa région étaient en réalité des lieux où les jeunes filles se formaient aux travaux manuels pour devenir de parfaites ménagères…
Kenzo décide alors de se rendre à Tokyo et s’inscrit dans la seule école de stylisme de l’époque, qui de plus commence juste à accepter les garçons! Inutile de préciser que les hommes s’y comptent sur les doigts d’une main… Son père, qui tient une maison de thé, n’est bien sûr pas d’accord avec le choix de son fils et lui coupe les vivres. C’est donc en faisant des petits boulots en été que Kenzo arrive à financer ses études au Tokyo Bunka Fashion College. «Je n’ai pas demandé un centime à mes parents!», précise-t-il à Déco Magazine lors d’une rencontre dans son nouveau showroom rive gauche.