«Un retour dans le passé sur un site extraordinaire». C’est à Tripoli, dans la bâtisse inachevée du célèbre architecte brésilien Oscar Niemeyer et dans la fameuse citadelle, que l’exposition d’art contemporain Cycles of Collapsing Progress ouvrira ses portes le 22 septembre 2018… Une réflexion à travers l’art sur l’importance du temps et ses cycles d’effondrement.
Sous le parrainage du ministère libanais de la Culture et de l'UNESCO, organisée par le BeMA (Beyrouth Musée d’Art) et la plate-forme curatoriale Studiocur/Art, Cycles of Collapsing Progress puise son inspiration dans l’état actuel des lieux pour créer sa propre thématique. Symbole de l’architecture moderne au Moyen-Orient et de la guerre civile libanaise, la Foire internationale Rachid Karamé avec ses quatorze structures en béton brut immortalise les débuts du modernisme et dialogue avec la forteresse construite en 1103. Entre le Moyen-Âge et l’ère moderne, les espaces investis par l’exposition soulignent par excellence les cycles sans fin du temps.
L’art du temps
Du 22 septembre au 23 octobre, Cycles of Collapsing Progress exposera dix-huit projets signés par des artistes libanais et mexicains, dont onze nouvelles œuvres commissionnées comme installations in situ spécialement pour Tripoli. Cette exposition est l’aboutissement de dix-huit mois de travail entre le Liban et le Mexique avec des résidences d’artistes dans les deux pays qui ont renforcé cet échange culturel. Chargée de patrimoine d’histoire et de culture, l’exposition présentera des créations à caractère symbolique comme l’installation sonore de Zad Moultaka, inspirée par le mythe du cinquième soleil aztèque qui illustre l’effondrement de notre civilisation, ou le Musée de l’espace signé Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, une suite du documentaire Lebanese Rocket Society qui souligne les tentatives avortées du progrès dans l’histoire libanaise. Réflexions sur les cycles lunaires avec Stéphanie Saadé, correspondances fictives de Jorge Méndez Blake avec Thomas More, l’auteur du livre Utopia datant de 1516, ou Colosse aux pieds d’argile de Rayyane Tabet, les œuvres conjuguent le passé au présent, retracent des siècles d’histoire et tentent de redorer le blason de la ville de Tripoli qui s’égare dans l’air du temps.
Karene Safi