Âgé aujourd’hui de 92 ans, Michel Harmouche est l’un des plus grands
maîtres de la profession au Liban. Cinq ans après sa dernière exposition, l’artiste a présenté ses «arbres» à la galerie Rochane du 27 octobre au 2 novembre dernier. Derrière ses toiles colorées qui louent la beauté de la flore, le peintre s’attarde sur les racines et les troncs… Probablement une métaphore de l’attachement identitaire.
Pour Michel Harmouche, peindre un tableau «n’est pas une question de temps mais d’envie.» Quelquefois l’artiste réalise des diptyques en deux jours ; parfois il lui faut quelques mois pour achever une œuvre. Avant d’entamer sa peinture à grande échelle, car le peintre suffoque quand il pense aux petits formats, il esquisse de petits croquis en noir et blanc sur des bouts de papier vierges qu’il transpose ensuite sur ses gigantesques toiles. Dans ses tableaux, Harmouche fait jouer les transparences et les opacités. Structurées, carrées et cadrées, ses compositions dégagent une sérénité visuelle où les profondeurs de champ et les perspectives ne font pas défaut. Partie intégrante de son œuvre, la couleur détermine sa démarche picturale où plusieurs tonalités se croisent et parfois s’entrelacent pour créer des formes qui s’enracinent dans sa trame de construction. Ses thèmes s’inspirent du réel mais convoquent l’imaginaire, tout en neutralisant l’espace et le temps qui semble suspendu. L’esthétique de ses œuvres est régie par des normes que lui-même instaure et applique. Verts, noirs ou ocre, en mosaïques ou mordorés, les arbres de Michel Harmouche transcendent la matérialité de l’art figuratif pour créer une identité picturale singulière qui marie harmonieusement les trois fondements de son art: la couleur, la forme et la composition.