Une balade dans les rues du pays Le Parlement, la municipalité de Beyrouth, la tour Murr, l’hôtel Albergo… Que connaît-on de ces bâtiments devenus une partie intégrante de notre paysage? Quand ont-ils été érigés? Qui les a conçus? Avec 300 Architectures au Liban (Alphamedia) Gebran Yacoub propose 300 coups de projecteur photographiques de 300 projets architecturaux.
«Balade», le mot revient souvent dans les propos de Gebran Yacoub. C’est ce qu’il propose aux lecteurs-spectateurs: «une balade dans les rues du pays» composée de 300 focus photographiques sur 300 projets architecturaux, s’étalant de 1847 jusqu’à aujourd’hui. Chaque projet se décline principalement en une photographie grand format du projet en noir et blanc, accompagnée d’une autre en couleur, de format plus réduit, se focalisant PHOTOS: D.R. a r c h i - n e w s sur un détail du projet ou le prenant sous un autre angle. Place à «l’image qui parle d’elle-même», les mots eux se contentent de dire l’essentiel: le nom et la fonction du bâtiment, sa date de construction, le nom de son concepteur-architecte. Diplômé de l’Alba, l’architecte Gebran Yacoub travaille depuis plus de quarante ans dans le métier, ayant à son actif neuf ouvrages relatifs à l’architecture au Liban, dont le Dictionnaire de l’architecture au Liban au XXe siècle, publiés à Alphamedia, sa propre maison d’édition. Au fil du temps, il a constitué de précieuses archives qu’il estime devoir être à la portée «de tout le monde». Parmi ces archives figurent notamment des photographies prises par son équipe à l’aide d’un appareil qui corrige les perspectives: «Chaque photographie nous prenait une demi-journée, et il fallait la capter avant 10h ou après 17h, pour que le soleil rase l’architecture. Entretemps certains bâtiments ont été détruits, d’autres ont été cachés et il est désormais devenu impossible d’en avoir une telle prise de vue.»
Préférences et statistiques
Telle est l’idée de départ de l’ouvrage 300 Architectures au Liban: donner à voir ces exceptionnelles archives photographiques à travers une balade dans les villes. Une question s’impose, et il la devance tellement elle lui a été posée: pourquoi ces 300 architectures? «C’est mon choix, explique-t-il, mais en réalité, ce n’est pas moi qui ai décidé.» Lors de la création du Dictionnaire, des interviews ont été menées avec 1500 architectes libanais à qui on avait posé deux questions: pour la première, il s’agissait de savoir quels étaient, selon eux, les trois projets architecturaux qui devaient absolument figurer dans le dictionnaire, et pour la deuxième, quels sont les trois architectes de leur génération qui doivent aussi y figurer. «En partant de ces statistiques, j’ai délimité ceux qui avaient la préférence.» C’est donc d’une certaine manière le choix des professionnels du métier? «Exactement, répond-il, ce n’est pas moi. Tous les grands sont là. Mais on ne peut pas, avec 300 projets, définir tout le Liban.» C’est avec la Villa Rose, construite en 1847 et devenue l’ESA, que débute la promenade qui nous emmène dans toutes les régions du Liban, au détour de stations balnéaires, de résidences privées, de chalets, de banques, d’églises, de bâtiments publics, de mosquées, de synagogues, d’immeubles résidentiels, de complexes commerciaux, d’hôtels… pour découvrir les mille et un visages de l’architecture au Liban, à travers ses bâtiments, dont certains ont été détruits, pour éveiller notre curiosité et partir à la recherche de ses concepteurs, dont certains sont aujourd’hui disparus. La balade se termine en 2018, avec le nouvel espace commercial de Zaha Hadid à Beyrouth Souks, un projet inachevé «pour dire, d’une part, que tous les architectes libanais méritent d’être cités avec les stars internationales, et d’autre part qu’il y aura une suite.» Nayla Rached