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Les mille et un avatars de la cabane

Le camping reste l’un des modes de vacances préférés des Français, mais la tente et le mobil-home ont de sérieux concurrents. Depuis une bonne décennie, les hébergements de plein air adoptent les formes les plus extravagantes. On peut ainsi passer la nuit dans une roulotte, un tipi, une tente mongole, une kota finlandaise, un écolodge en bois en forme de vache géante ou une astrobulle transparente, comme à la Ferme des étoiles dans le Gers. Car tout est bon pour n’avoir que le ciel pour plafond… Certaines cabanes se sont perchées dans les arbres, d’autres ont largué les amarres pour flotter sur un étang. Accès périlleux, confort sommaire, toilettes sèches, certes, mais de quoi assurer une expérience de nuit inédite à la merci du vent et des étoiles. Si ces abris alternatifs ne constituent encore qu’une «niche» économique, ils séduisent de plus en plus une clientèle de cadres supérieurs, jusque là réticents à camper, de bourgeoisbohèmes et d’écologistes convaincus. Car la notion de développement durable reste sauve. On aime ainsi la Campanule, à louer pourquoi pas au camping de Gervanne: suspendu ou bien posé sur pilotis avec un escalier en colimaçon, ce cocon biomimétique en matériaux recyclables (acier, bois et toile) ressemble à un nénuphar volant, les pétales supérieurs s’ouvrant totalement pour dévoiler la beauté du paysage environnant. La tentation du glamping (savante association de camping et de glamour, prônant le luxe, le design et la dimension écologique) gagne aussi les beaux domaines reconvertis en maisons d’hôtes. Celles-ci ont aménagé en mini-maisons proposées à la location les structures les plus éminemment… non-habitables: une carlingue d’avion, un ancien autobus dédié aux tournées musicales, un wagon de train désaffecté… On a même repéré dans un domaine viticole près d’Amboise, en Touraine, une roulotte en forme de tonneau, Chais Catherine, luxueusement aménagée avec lit en alcôve et douche à l’italienne. Ce qui suppose d’abandonner ses repères spatiaux habituels, l’hébergement alternatif produisant un quota non négligeable de courbes ou d’angles inattendus dans un espace minimal. Dans la forêt lorraine, la designer Matali Crasset a conçu avec un luxe de détails fonctionnels un Nichoir puis une Noisette. Des «oeuvres d’art à habiter» déguisées en cabanes en bois surélevées qui s’inscrivent d’ailleurs dans un sentier consacré à l’art contemporain… Mais on se régale surtout de l’initiative de Terre d’Estuaire qui a fait plancher les élèves de l’Ecole d’architecture de Nantes sur le principe des hébergements éphémères et nomades. Deux structures sont sorties des cartons à dessins. La Bienveilleuse est un cube de polycarbonate et bois, chambre et salle de bains comprises. À la nuit tombée, ses parois translucides s’illuminent comme une immense veilleuse posée en pleine nature, rendant hommage aux veilleurs de l’estuaire. Quant au Caballon de Mr Plock, intrigante construction à mi-chemin entre le navire et l’aérostat, la cabane et le ballon, il semble sortir d’un roman de SF: constituée de bois et de toile, sa silhouette ovoïde cache, outre le couchage, une douche pivotante pour apprécier le paysage. À suivre, car ces deux habitats changeront d’implantation tous les deux ans.

Valérie Appert

 

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