Tout a commencé avec, ou plutôt contre Saddam Hussein
C’est à la suite de la première guerre du Golfe – elle était alors ambassadrice auprès des Nations Unies – que Madeleine Albright a commencé à pratiquer le langage des bijoux. Elle avait critiqué Saddam Hussein, et un écrivain irakien l’avait alors traitée de «serpent sans pareil». Pour rencontrer la délégation irakienne, elle porta ni plus ni moins qu’une broche en or en forme de serpent. Le message était double: elle bravait l’adversaire et arborait le blason de l’étendard de la Guerre d’Indépendance des États-Unis, le serpent… Cet acte provocateur est devenu le point de départ d’une longue relation entre la carrière diplomatique de Mme la Secrétaire d’État et ses bijoux. Elle explique: «Les joyaux sont désormais partie intégrante de mon arsenal diplomatique personnel.» On ne peut être plus clair…
Ainsi, Madeleine Albright fera d’un accessoire de mode, une signature diplomatique. Devant Yasser Arafat, à qui elle ne ménageait pas les piqûres, elle arborait une broche en forme de guêpe!
Face au président sud-coréen, elle portait un soleil éclatant, alors que pour rencontrer Kim Jong-il, son homologue du Nord, elle était parée d’une grande broche reproduisant le drapeau américain. Il s’agissait pour elle de s’ériger contre la propagande qui, en Corée du Nord, exigeait le port des pins à l’effigie de son dirigeant. Il faut le faire…
Pour dénoncer la violation des droits de l’homme par l’armée russe en Tchétchénie, la Secrétaire d’État américaine a arboré les broches des «Trois Singes de la Sagesse» devant le président Poutine.
Toujours délicats, souvent originaux et colorés, parfois richement ornés, les bijoux de la Secrétaire d’État américaine ne bénéficient pas, pour la plupart, de grandes signatures. Leur caractéristique essentielle est qu’ils ont joué un rôle déterminant en géopolitique dans les années 1990. Parce qu’ils ont été portés par Madeleine Albright! Mais encore… Tandis que le Président George H.W. Bush disait volontiers «Lisez sur mes lèvres», en écho, Mme Albright a incité plus tard les hommes d’État et les journalistes à «lire ses broches»… D’où le titre de l’exposition et du livre qui lui a servi de catalogue: «Read My Pins: The Madeleine Albright Collection».
M.S.B.