Il faut se méfier du béton qui paraît brut, voire brutal, et qui pourtant sert l’expression d’une certaine liberté architecturale. Comme dans les constructions de l’ex-Yougoslavie. Ou dans les compositions paysagères de Tadao Ando. À la Défense, le béton se mêle au verre et l’art adoucit les mœurs. Dans le domaine viticole du château La Coste, galerie d’œuvres en plein air, on préfère toutes les matières.
BEAUTÉ BRUTALE EN EX-YOUGOSLAVIE
Se confronter «pour de vrai» à un édifice brutaliste de l’ex-Yougoslavie vous propulse immanquablement dans une quatrième dimension. Qui s’est un jour retrouvé devant le Makedonium, monument commémoratif en forme d’énorme boule de béton hérissée de picots à hublot, cherche machinalement les petits hommes verts qui s’en sont échappés. Même vertige quand on croise au Kosovo l’université de Pristina et ses cubes incarcérés dans une résille à grosses mailles d’acier. Leurs dimensions monumentales, leurs formes comme issues d’un vieux film de science-fiction et l’usage du tout-béton ont en effet donné à certains bâtiments emblématiques des Balkans une silhouette résolument extraterrestre. Construits pendant les quarante-cinq ans où le Maréchal Tito fut au pouvoir, bâtiments institutionnels, complexes balnéaires, monuments commémoratifs et barres d’immeubles ont émaillé les anciennes républiques yougoslaves aux marges des capitales ou en rase campagne. Longtemps décriée, perçue comme surréaliste, rétrofuturiste, austère ou menaçante, l’architecture dite titiste connaît pourtant un retour en grâce et fait l’objet d’une exposition totalement inédite au MoMa de New York.