In House-Not an Exhibition. C’est par ces mots que le designer Samer Alameen a invité les amis, la presse et les gens du métier à découvrir ses créations en avril dernier durant la Design Week. Dans son appartement au cœur de Milan, entouré d’objets qu’il a conçus et avec lesquels il vit. Son design au quotidien raconte de belles histoires.
La conversation démarre par un retour inévitable sur la chaise iconique Khayzaran, version libanaise de la chaise Thonet, une histoire en elle-même «qui m’a fait renaître», avoue le designer. Nous sommes en 2012 et Samer Alameen, en visite chez sa mère, regarde cette chaise tombée aux oubliettes et qui «est toute mon enfance». Déterminé, avec un supplément de tendresse, à lui redonner ses lettres de noblesses, il la revisite en acier inoxydable. Et c’est le début d’une grande aventure qui aboutit, six mois plus tard, à sa première collection Walking Objects composée de deux cents pièces. Et pourtant Samer Alameen vient du monde de la publicité dans lequel il évolue durant quinze ans après avoir obtenu un double major en Fine Arts et Advertising à la Lebanese American University (LAU) en 92. Il travaille par la suite avec de grandes agences internationales parmi lesquelles Grey Worldwide et McCann Erickson, et pour des clients issus de domaines variés, puis ouvre son propre studio de publicité et de conseil en image de marques. Quinze ans plus tard, l’ennui commence à le titiller. «Je ne peux rien répéter dans ma vie», poursuit-il. C’est ainsi qu’il décide d’intégrer la Scuola Politecnica di Design (SPD) en 2014 et de plonger dans le design industriel. Aux yeux du jeune créateur de 40 ans (plus âgé que certains de ses professeurs!), il ne s’agissait pas d’un changement réel de carrière, vu qu’il travaillait déjà dans l’industrie de la création, mais plutôt d’une continuation après le lancement de son produit et des publications dans différents magazines internationaux. Le bel homme au sourire craquant n’a pas peur de faire le grand saut, tant qu’il ne saute pas dans le vide, et avoue utiliser sa chance, ses atouts et «chaque parcelle de mon âme». Plutôt que de rester au Liban dans sa zone de confort, Samer Alameen s’installe à Milan, «un des endroits les plus compétitifs». Sans aucun doute, le cœur du design et de la création du mobilier, dont le rythme lui va si bien, comparé aux tumultueuses New York et Londres.