Découvrir leur maison est toujours une curiosité, une occasion de lever le voile sur leur talent. Une escapade exotique sous les palmiers de Martyn Lawrence Bullard à Palm Springs, une retraite discrète derrière des moucharabiehs à Tanger, chez Hervé Van der Straeten, ou un séjour bucolique et champêtre chez Pierre Sauvage, l’homme qui a renoué avec la douceur de vivre selon la Casa Lopez. Elle a investi cette villa suspendue avec ses objets, ses toiles, son âme, elle est le fil conducteur entre eux. Inclassable, l’intérieur raffinÉ révèle sa générosité, sa personnalité riche et multiple. Dans un méli-mélo de déco et d’art, elle affiche ses coups de coeur et met en scène un savant mélange de genres qui évite avec adresse la facilité du kitsch. Une manière heureuse de créer l’harmonie. Jamais à court d’idées, les Libanais parcourent inlassablement les compétitions internationales. Ce sont des femmes, des hommes qui, mus par une insatiable soif de reconnaissance, s’évertuent à donner au monde une parfaite image du pays du Cèdre. Déterminés, résolus, ils tirent leur force de leur capacité à créer: dans les domaines du design, de l’art, du cinéma, de la mode, ils n’hésitent pas à se surpasser. De Milan à la Biennale d’architecture à Venise, des marches du Palais des festivals à Cannes aux runaways parisiens, ils n’en finissent pas de s’exporter et ce malgré toutes les vicissitudes, tous les aléas. Au moment où Beyrouth s’apprête à accueillir la septième édition de la Beirut Design Week, on se laisse porter par cette énergie positive. Saine émulation qui nous donne des ailes, embourbés que nous sommes dans un quotidien plombant. Et même si la tour Murr a pris quelques couleurs grâce à l’installation de l’artiste graffeur Jad el-Khoury, la triste réalité a vite effacé l’arc-en-ciel affiché! Une hérésie de plus dans notre pays où la belle saison tarde à détendre l’atmosphère.
Christiane Tawil