On peut également assouvir sa quête d’exotisme par une immersion totale au cœur de la jungle brésilienne ou, autre lieu, autres mœurs, planqué dans l’arrière-pays, au fond de la campagne française. Sans conteste, la palme du vivre autrement revient à ce décor fantasmagorique planté à Jezzine, au-dessus de la cascade. Dans cette ancienne auberge reconvertie en maison de famille, les propriétaires ont opéré un véritable retour aux sources. Ils ont défait leurs valises chargées de souvenirs et de trésors inestimables et injecté dans leur intérieur leur âme de globe-trotters.
C’est en arpentant les allées de Rho à Milan, les prolifiques expositions du Off ou les récentes manifestations de la Beirut Design Week, que s’impose une fascination certaine devant l’étonnante capacité de création de l’être humain. Derrière tout objet, il y a un concept, une idée. Derrière toute idée, il y a l’engagement d’un homme, l’aboutissement de sa réflexion. Mais comment naissent les idées? Eurêka!, jubilait Archimède l’ancien.
Pour percer le mystère du processus de création d’une œuvre, l’invention d’un meuble ou d’un objet, il faut réfléchir aux étapes qui autorisent leur réalisation. Le design ne se justifie que dans la parité forme et fonction. Aucun geste gratuit n’est toléré. Un lent travail de macération est nécessaire pour établir les besoins, les objectifs et fixer les priorités, durant lequel les idées surgissent, s’échangent et se combinent. Seules quelques-unes d’entre elles aboutiront à la construction nouvelle. Les designers s’appliquent alors à créer un environnement favorable à l’émergence du produit, selon des lieux et des temps propices. Ils s’imposent la tâche de répondre à une demande, aux impératifs d’un marché, tout en utilisant les technicités adéquates. Le syndrome de la page blanche les guette autant que les écrivains ou les artistes. Leur obstination et leur force de concrétisation les rapprochent du grand créateur, de qui ils tiennent leur nom.
Christiane Tawil